Bobo à Bohol

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Je n’aime pas les anniversaires. Surtout le mien, puisqu’il annonce floraison de rides, années qui passent et jeunesse qui s’éloigne du rivage de mon présent.

Les cadeaux, les voeux, l’alcool qui coule à flots, m’aident parfois à oublier cette tragédie annuelle. Mais lorsque s’approche une date symbolique, comme celle des 20 ans, ou PIRE des 25 ans, là, rien n’y fait, c’est chandelles et veillée mortuaire.

Mais, déménagement sous les tropiques oblige, cette fois-ci la déprime a eu lieu sur une plage de sable fin, avec massage à 5 euros, et litre de bière offert par la faune locale. Autant dire qu’au final, j’étais plutôt heureuse.

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Normal, j’étais à Bohol. Idéalement située à 1h15 de vol de Manille et 3h de ferry de Cebu, le “petit paradis des Philippines” alterne entre plages de rêve et paysages à couper le souffle. Deux jours après, mon amie Blandine m’a rejointe. Avec notre fidèle motobike rouge, nous avons écumé les routes poussiéreuses de l’île, parfois au détriment de notre intégralité physique, pour découvrir les meilleurs spots.

En voici quelques uns:

DORMIR

Hope Homes est à 2-3 kilomètres d’Alona Beach, sur l’île de Panglao. A 750 pesos (13 euros) la chambre avec ventilo pour trois, on peut difficilement trouver moins cher. D’autant plus que Hope Homes a l’avantage inestimable de fournir une moto à chacun de ses hôtes. Quand on sait que louer une moto revient entre 300 pesos et 500 pesos par jour, on comprend vite l’avantage de dormir ici.

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Petit bémol: depuis que les adorables proprios français ont cédé le bail à un Allemand tout aussi sympathique que ventru, le lundi soir, c’est l’Amicale des Pervers Pépères (APP). Pépé, 75 ans minimum, se ramène avec Poupette, 22 ans maximum, et joue du billard en ingurgitant tonneaux de bière sur tonneaux.

Adresse: S’il ne connaît pas, dites à votre tricycle (300 pesos de l’aéroport de Tagbilaran) que Hope Homes se situe à Daorong, Danao, Panglao. Il comprendra.

Si Hope Homes est plein, n’hésitez pas à tenter Calypso. Nous n’y avons pas logé, mais selon nos amis qui y sont restés deux nuits, le prix (770 pesos) inclut aussi la moto et l’accès à une piscine.

Pour ceux qui préfèrent être plus proches de la plage, je conseille l’hôtel Chill Out, à 1.500 pesos la nuit avec air conditionné illimité (wouhou!). Le patron, Fred, est un Français très sympa qui saura vous conseiller les meilleurs spots de Bohol.

Et si vos poches sont lourdes de pesos, allez les vider dans les chambres du très beau resort Linaw. Je ne connais pas le prix des chambres, mais je suis sûre qu’elles valent le coup de s’endetter sur dix ans.

S'il ne comprend pas, montrez la piscine à votre banquier.

S’il ne comprend pas, montrez la piscine à votre banquier.

MANGER

Le bon plan pour un petit déjeuner qui vous fait bien démarrer la journée, c’est les pancakes de Rose. Rose est une vieille dame, qui parle très bien anglais, dont la petite cahute en bambou, juste après l’Internet café situé dans la rue de Hope Homes propose pour dix pesos (17 centimes d’euro) des crêpes saupoudrées de sucre de coco. Délicieux!

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Pour le déjeuner, claquez 5 euros pour manger les pieds dans le sable des calamars frits et siroter un mango shake à Alona Beach. Nous, on a évité, c’est infesté de touristes. Si vous préférez un endroit plus authentique, filez dans un des bouiboui que vous apercevez sur la route, et soulevez l’une de leurs marmites en métal: il s’y cache souvent de bonnes surprises! Comme les aubergines panées, une spécialité locale, ou encore le pork adobo, le lechon kewali…

Notre grand coup de coeur a été la Bee Farm. Gérée par une dizaine de femmes philippines des environs, cette petite ferme est une merveille. Le resto, au bord de l’eau, propose des plats à base de produits locaux, issus de la ferme. Certes, le déjeuner vous reviendra un peu plus cher que d’habitude (300 pesos, soit 5,20 euros), mais sachez que cette fois-ci, l’argent va directement dans la poche des Philippins et permet à la ferme de faire vivre des dizaines de famille. N’hésitez pas aussi à flâner dans leur boutique, leur pain à la courge est fa-bu-leux, surtout lorsqu’on n’a pas mangé de pain depuis un mois. Et digérez sur le ponton en regardant le soleil se coucher…

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Spaghetti aux fruits de mer

Spaghetti aux fruits de mer

Pour le dîner, optez pour la Coco Farm. Au beau milieu de nulle part, après avoir affronté plusieurs kilomètres de trous autoproclamés route, vous trouverez sous une grande hutte un petit restaurant sans prétention. Au menu, les meilleurs bukayo (gâteau à la coco) et de très bonnes salades. N’hésitez pas à visiter leur jardin, leur mini-musée Grévin et leur magnifique église à l’air libre. La Coco farm fait aussi hôtel, avec des petites huttes très propres pour 300 pesos par personne par nuit. Mais la motobike n’est pas inclue, donc affûtez vos mollets…

Musée Grévin à la Philippine

Musée Grévin à la Philippine

Si le barbecue à la philippine vous tente, allez sur la grande route menant à Alona Beach, juste après le café Rendez-Vous, et sur le trottoir opposé. Grillades pour 40-50 pesos, poisson entier à 180 pesos, et surtout, déjeuner ou dîner agrémenté des bavardages de la magique Alona, une gamine de 9 ans qui n’a pas sa langue dans la poche et qui nous a tenu compagnie un soir sur deux.

Mais si votre estomac fait la grève, ou que vous avez besoin de “comfort food from home”, Bohol offre les meilleures pizzas des Philippines chez Giuseppe, dont le patron est un ancien pizzaïolo italien. Pour ceux à qui les croissants manquent, on m’a dit que ceux de Rendez-Vous étaient pas mal.

Que faire?

PLAGES Sur l’île de Panglao, la plage d’Alona est la plus réputée. C’est aussi la plus touristique, et d’innombrables petits restos empiètent de leurs chaises en plastique son sable fin, ce qui ravit les Chinois et gâche un peu le plaisir des Occidentaux en quête de plages désertes. Pour ces dernières, filez à Anda, et logez-y deux nuits. C’est plus calme, plus blanc (le sable, pas les touristes), plus reposant.

Pour profiter d’un beau coucher du soleil, achetez un litre de Red Horse et filez à la plage de Doljo. Pour le lever de soleil, optez pour la bien nommée Sunrise beach, juste avant la Coco farm.

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CHOCOLATE HILLS Ca donne faim, pas vrai? Surtout après un mois sans chocolat… Mais ravalez donc votre salive déjà dégoulinante, nulle sucrerie ici. Les “chocolate hills”, que j’aurais pour ma part plutôt appelés “boobies paradise”, sont un ensemble de 1 268 petites collines, formées par l’accumulation des coraux et des coquillages, et aux douces formes arrondies d’un brun intense, tirant sur le vert. On n’y croit que lorsqu’on les voit.

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Les warriors

Pour y aller, comptez 2h30 de motobike à zigzaguer entre jeepney et voitures, et autant d’arrêts cardiaques pour le retour. Forêt vierge, rizières et rivières… la route est magnifique, mais assez dangereuse (les pansements que vous apercevez sur la photo sont d’ailleurs dus à un accident). Mieux vaut, si vous en avez les moyens, louer une voiture. Dans tous les cas, prévoyez la journée et couchez-vous tôt la veille, c’est une expédition!

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COCK FIGHTING Le dimanche, c’est combat de coq à Panglao. Demandez aux Philippins où se trouve la Cockpit Arena la plus proche de vous, et filez y passer votre après-midi. Enfin, si vous tenez le choc. Pour notre part, nous y sommes restés une petite heure, le temps de voir huit coqs se faire charcuter par leur ancien meilleur pote de basse-cour.

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Avertissement: non seulement, nous étions les seules occidentales (mais ça, on a l’habitude), mais nous étions aussi les seules femmes présentes. Evitez donc décolletés et mini-jupes. Habillez-vous en véritable aficionada de combat de coq. Ne me demandez pas à quoi cela ressemble.

REQUINS BALEINES (c’est ce qu’on appelle passer du coq à la baleine) (pardon) Une de mes plus belles expériences aux Philippines. Pour 1.500 pesos, dont les deux-tiers de présupposée taxe environnementale, nous avons rejoint l’île de Cebu. Armés de simples masques et tubas, nous avons nagé pendant une petite heure avec une dizaines de requins baleines, parfois si proches de nous qu’il suffisait de tendre le bras pour les toucher. Longs de dix à quinze mètres, ils sont parfaitement inoffensifs pour l’homme et ne mangent que du plancton ou des algues. Ce qui n’a pas empêché l’un d’eux de tenter de m’aspirer avec sa grande, grande bouche. Paraîtrait que j’ai une tête de crevette.

PLONGEE Je ne suis pas une plongeuse, et c’est un péché aux Philippines, pays dont les fonds marins comptent parmi les plus beaux au monde. Je peux cependant, par les conversations entendues ici et là, vous donner deux petits conseils:

1/ vérifier que les plongeurs sont des professionnels. Cela semble évident, mais sur les 30 enseignes de plongée, seules 5-6 sont agréés par des organismes internationaux. L’année dernière, pas moins de 20 touristes ont fini à l’hôpital après un accident en plongée…

2/ bien s’assurer que les plongeurs ne se livrent pas à une “chasse” aux dauphins, requins baleines, tortues, pour les rabattre vers vous. Hé oui, les Philippines ont encore beaucoup à apprendre niveau respect de l’environnement.

LES EGLISES Si vous parlez espagnol, vous serez surpris d’entendre les Philippins insérer très souvent des mots hispaniques dans leurs conversations quotidiennes. Les “Spaniards”, ou plus précisément Miguel Lopez de Legazpi, est arrivé à Bohol en 1565. Depuis, les églises y ont fleuri, aux lourdes pierres humides où s’emmêle la végétation et les bondieuseries.

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MASSAGES A 200 pesos (3,40 euros) l’heure, il serait dommage de s’en priver. Allongées sur un matelas posé sur la plage, nous avons particulièrement aimé ceux de Bilia, à une centaine de mètres des restaurants d’Alona Beach.

CE QU’ON N’A PAS FAIT (mais qu’on vous conseille) Aller voir les singes Tarsier, ces minuscules bestioles qui ont littéralement les yeux plus grands que le ventre. Et siroter une bière sur l’une des rives de la rivière Loboc illuminée par des milliers de lucioles…

Vous pouvez aussi payer 1.000 pesos pour passer la journée à Balicasag Island. Nous n’y sommes pas allées, mais on nous en a dit le plus grand bien… avec comme bémol cependant la présence de dizaines de bateaux, et donc de centaines de Chinois.

Et si votre budget vous le permet, passez donc quelques heures à vous prélasser au Peacock resort pour 450 pesos. Si vous avez un petit ami sous la main, profitez-en pour vous y marier. Vous ne trouverez jamais plus beau cadre.

Quelques conseils pour bien profiter de Bohol:

– Louer une motobike, c’est essentiel. Ne pas se séparer de son casque, c’est du bon sens. Car souvent, ce sont des semi-automatiques, au moteur puissant et extrêmement lourdes. Pas l’idéal lorsqu’on débute en deux-roues. Nous avons eu un petit accident avec Blandine, et même s’il était sans gravité, le titre “Bobo à Bohol” a soudainement pris un autre sens. Chaque année, une petite dizaine de touristes meurent à Bohol parce qu’ils avaient décidé de boire et conduire. Les routes sont bien trop mauvaises pour faire ce genre d’absurdités.

Heureuses motardes sans mouches.

Heureuses motardes sans mouches.

– D’où mon deuxième conseil: prévoyez une trousse de secours. Il y a un hôpital, mais il est loin. Et il n’y a pas de pharmacie: vous trouverez quelques pansements et de l’alcool pur, c’est tout. Blandine vous conseille aussi de rajouter une crème anti-moustique “et beaucoup beaucoup de crème solaire”.

Les conseils de Blandine

Les conseils de Blandine

– Vérifiez sur les calendriers chinois et coréens les dates de leurs vacances scolaires. Et évitez Bohol (et Boracay!) au cours de ces périodes: les prix flambent, les hôtels sont pleins, et les couchers de soleil bien moins intimes.

– Ne pas faire confiance à la météo: elle nous annonçait une semaine de mousson, nous n’avons vécu au total que deux-trois heures de pluie.

– Et achetez un appareil photo imperméable si vous souhaitez immortaliser les requins baleines, ou tout simplement la trace de maillot de bain de Blandine qui a finalement oublié sa crème solaire.

Article écrit en face d’un Chinois dont les traces d’acné, en petits ronds autour de la bouche, me laissent dubitative.